La Villa Madel, œuvre de l'architecte Pomade à Dax
Localisation : DAX, 40100
6 rooms
4 bedrooms
2 bathroom(s)
154 m²
Laurent VAGINAY, OptimHome, et Kévin LAUSSU, historien de l'Art, Malaye ! Patrimoines, ont l'honneur de vous présenter cette élégante villa et son vaste jardin situés en plein cœur du luxueux quartier thermal de Dax.
Avec sa robe polychrome aux intonations régionales, Madel invite à un voyage sur les rives de la Côte d'Argent. Atypique dans sa forme, ingénieuse dans son plan, sa création intervient alors que l'architecture dacquoise entre dans une phase de transition. Achevée en 1942, elle possède encore tous les attributs codifiés des maisons bourgeoises de l'Entre-deux-guerres. Rien dans son programme ne laisse supposer le douloureux contexte d'Occupation qui l'a vu naître, ni la pénurie en matériaux qui l'a caractérisé.
Élevée sur un profond terrain acquis en 1938, elle exploite au mieux la faible largeur de la parcelle qui lui est attribuée. Elle a été construite par Henri Saint-Jean (1904-1977), un grossiste en mercerie issu d'une notable famille dacquoise de commerçants en chaussures et tissus. Il donnera à cette maison le nom de son épouse, [Madel]eine Tirlot (1907-1997), qui fut la sœur de l'un des plus réputés entraîneurs de chevaux de courses de la région.
Dessinée par Albert Pomade avec l’aide de son commis René Ladeüx, la maison s'appuie sur l'immeuble du Dr Henri Beurois, un remarquable hôtel particulier de style Art Deco conçu en 1932 par Prunetti peu après l'achèvement du Splendid-Hôtel.
Pour s'inscrire en parfaite harmonie avec cette construction, il aurait été attendu que M. Saint-Jean adopte les mêmes codes que son voisin radiologue. Son dessein sera tout autre...
Une lutte discrète mais non moins éclatante oppose sur un plan stylistique les deux propriétaires. Par l'entremise de leurs architectes respectifs, chacun tente d'exposer sa conception esthétique.
Le premier soutien un langage moderne, sans attache avec la localité, le second, prône au contraire un retour aux sources, en célébrant ces fermes d'antan censées incarner le génie provincial landais.
Thèse Art Deco, antithèse régionaliste, le contraste par delà la ligne de mitoyenneté est assez frappant : monumentale façade blanche pour l'un, polychromie et modestie des volumes pour l'autre ; ordre, mesure et épure chez Prunetti, asymétrie, épanchements ornementaux et fantaisie chez Pomade.
Dans ce silencieux combat des apparences qui voit ouvertement s’affronter les deux plus respectables architectes dacquois du moment, le recours à un vocabulaire basco-landais, prend ici une connotation particulière.
Cette formule est en effet fort inhabituelle chez Pomade (on ne compte que quatre réalisations ornées de parements de briques disposées en épis dans sa carrière). Manifestement imposé par le commanditaire, cet élément semble souligner son appartenance au terroir landais. Bien que complètement factice, ce faux colombage en ciment hourdis de briques tente de renouer avec
l'ancestrale ossature en bois des fermes du Marensin et de la Maremne.
La silhouette de l'édifice force cette analyse. Sa toiture exagérément plongeante en queue de palombe s'inspire des dépendances de la Haute Lande. Elle conclue prématurément l'ambitieuse séquence urbaine initiée par le Dr Beurois. Une disposition qui ne laisse guère la possibilité à un futur voisin de s’adosser contre l'immeuble d’Henri Saint-Jean.
Pour distinguer enfin son programme, Pomade prend soin de ramener sa hauteur à un étage afin de briser délibérément l’harmonie et la monumentalité que cherchait à imposer son confrère.
Fidèle à sa formation académique, l'architecte glisse un subtil clin d’œil en disposant un occulus serti de grilles métalliques.
Il adopte en outre les codes sûrs d'un régionalisme éprouvé qui est parvenu en quinze ans à hybrider la maison basque et landaise.
Il convoque en premier lieu un panel d'éléments décoratifs empruntés aux fermes labourdines et chalossaises. En contrepoint des antes qui scandent la façade en encorbellement, il place de légères génoises rampantes, des balustrades perlées en bois, des abouts de solives et des corbeaux chantournés, ou bien encore des linteaux en bâtière stylisés. Succombant à un cliché tenace, Pomade met également en scène un faux pigeonnier. Trois petites niches triangulaires qui connaîtront une belle postérité jusqu'à nos jours.
Symbole de modernité, la garage est parfaitement intégré à la maison comme s'il s'agissait d'une extension naturelle. Ce détail qui s'observe sur les anciennes maisons du pays rappelle que les façades étaient prolongées d'une travée chaque fois que la famille s’agrandissait.
La loggia et les claustras en tuiles renouent, quant à elles, avec l'univers balnéaire. Pour tempérer enfin son conservatisme, Pomade incorpore une délicate porte ornée de grilles en fer forgé purement Art Deco.
La villa sied en retrait de la rue afin de profiter d'un jardin d'agrément à la française en façade planté d'arbres et de buis. Cette disposition favorise la création d'un espace plus intime et vaste à l'arrière. Autour d'un bassin sinueux se développent ainsi un quadrillage d'allées convergeantes vers un remarquable conifère et un palmier de Chine. Les extrémité des parterres sont délimitées par des buis ou des lagerstroemia.
Gravissant quelques marches, on accède à l'entrée par un vaste porche. Le hall vibre par l'éclat de ses boiseries de pin entièrement peintes selon une technique illusionniste imitant l'aspect du chêne. Une salle à manger et un salon de compagnie se dégagent d'un côté, une chambre, une salle de bain et une cuisine de l'autre.
Comme dans le reste de la maison, on ne manquera pas de souligner la présence de splendides cheminées Art Deco en marbre ou en pierre de Pons.
A l'exception de l'escalier qui est en chêne véritable, l'ensemble des planchers sont composés de lames de pins posées sur une semelle de bitume.
La cuisine donne accès à un vaste sous-sol en béton armé comprenant cave à vin, atelier, buanderie et remise à combustible. Les robustes murs de l'habitation sont en moellons extraits des carrières toutes proches de Sainte-
Marie.
A l'étage, un vestibule dessert trois chambres, deux débarras sous combles et un vaste dressing.
La Villa Madel appartient à cette catégorie de maisons d'exception qui ont compté dans l'architecture dacquoise. Accomplie dans son style régionaliste, elle occupe cependant une place à part et tardive dans le catalogue des réalisations d'Albert Pomade. Conservée dans un état d'entretien exemplaire, elle forme un bien historique remarquable et authentique, indissociable du patrimoine local.
Notice historique/technique et photographies réalisées par Kévin Laussu,Malaye ! Patrimoines, tous droits réservés, 2023. Les honoraires d'agence sont à la charge de l'acquéreur, soit 4,51% TTC du prix hors honoraires.
Logement à consommation énergétique excessive : classe F
Les informations sur les risques auxquels ce bien est exposé sont disponibles sur le site Géorisques : www. georisques. gouv. fr.
Contactez Laurent VAGINAY Entrepreneur Individuel à Responsabilité Limitée, Agent commercial OptimHome (RSAC N°497 920 678 Greffe de DAX) 06 84 41 19 97 https://www.optimhome.com/conseillers/vaginay (réf. 558507 )
Avec sa robe polychrome aux intonations régionales, Madel invite à un voyage sur les rives de la Côte d'Argent. Atypique dans sa forme, ingénieuse dans son plan, sa création intervient alors que l'architecture dacquoise entre dans une phase de transition. Achevée en 1942, elle possède encore tous les attributs codifiés des maisons bourgeoises de l'Entre-deux-guerres. Rien dans son programme ne laisse supposer le douloureux contexte d'Occupation qui l'a vu naître, ni la pénurie en matériaux qui l'a caractérisé.
Élevée sur un profond terrain acquis en 1938, elle exploite au mieux la faible largeur de la parcelle qui lui est attribuée. Elle a été construite par Henri Saint-Jean (1904-1977), un grossiste en mercerie issu d'une notable famille dacquoise de commerçants en chaussures et tissus. Il donnera à cette maison le nom de son épouse, [Madel]eine Tirlot (1907-1997), qui fut la sœur de l'un des plus réputés entraîneurs de chevaux de courses de la région.
Dessinée par Albert Pomade avec l’aide de son commis René Ladeüx, la maison s'appuie sur l'immeuble du Dr Henri Beurois, un remarquable hôtel particulier de style Art Deco conçu en 1932 par Prunetti peu après l'achèvement du Splendid-Hôtel.
Pour s'inscrire en parfaite harmonie avec cette construction, il aurait été attendu que M. Saint-Jean adopte les mêmes codes que son voisin radiologue. Son dessein sera tout autre...
Une lutte discrète mais non moins éclatante oppose sur un plan stylistique les deux propriétaires. Par l'entremise de leurs architectes respectifs, chacun tente d'exposer sa conception esthétique.
Le premier soutien un langage moderne, sans attache avec la localité, le second, prône au contraire un retour aux sources, en célébrant ces fermes d'antan censées incarner le génie provincial landais.
Thèse Art Deco, antithèse régionaliste, le contraste par delà la ligne de mitoyenneté est assez frappant : monumentale façade blanche pour l'un, polychromie et modestie des volumes pour l'autre ; ordre, mesure et épure chez Prunetti, asymétrie, épanchements ornementaux et fantaisie chez Pomade.
Dans ce silencieux combat des apparences qui voit ouvertement s’affronter les deux plus respectables architectes dacquois du moment, le recours à un vocabulaire basco-landais, prend ici une connotation particulière.
Cette formule est en effet fort inhabituelle chez Pomade (on ne compte que quatre réalisations ornées de parements de briques disposées en épis dans sa carrière). Manifestement imposé par le commanditaire, cet élément semble souligner son appartenance au terroir landais. Bien que complètement factice, ce faux colombage en ciment hourdis de briques tente de renouer avec
l'ancestrale ossature en bois des fermes du Marensin et de la Maremne.
La silhouette de l'édifice force cette analyse. Sa toiture exagérément plongeante en queue de palombe s'inspire des dépendances de la Haute Lande. Elle conclue prématurément l'ambitieuse séquence urbaine initiée par le Dr Beurois. Une disposition qui ne laisse guère la possibilité à un futur voisin de s’adosser contre l'immeuble d’Henri Saint-Jean.
Pour distinguer enfin son programme, Pomade prend soin de ramener sa hauteur à un étage afin de briser délibérément l’harmonie et la monumentalité que cherchait à imposer son confrère.
Fidèle à sa formation académique, l'architecte glisse un subtil clin d’œil en disposant un occulus serti de grilles métalliques.
Il adopte en outre les codes sûrs d'un régionalisme éprouvé qui est parvenu en quinze ans à hybrider la maison basque et landaise.
Il convoque en premier lieu un panel d'éléments décoratifs empruntés aux fermes labourdines et chalossaises. En contrepoint des antes qui scandent la façade en encorbellement, il place de légères génoises rampantes, des balustrades perlées en bois, des abouts de solives et des corbeaux chantournés, ou bien encore des linteaux en bâtière stylisés. Succombant à un cliché tenace, Pomade met également en scène un faux pigeonnier. Trois petites niches triangulaires qui connaîtront une belle postérité jusqu'à nos jours.
Symbole de modernité, la garage est parfaitement intégré à la maison comme s'il s'agissait d'une extension naturelle. Ce détail qui s'observe sur les anciennes maisons du pays rappelle que les façades étaient prolongées d'une travée chaque fois que la famille s’agrandissait.
La loggia et les claustras en tuiles renouent, quant à elles, avec l'univers balnéaire. Pour tempérer enfin son conservatisme, Pomade incorpore une délicate porte ornée de grilles en fer forgé purement Art Deco.
La villa sied en retrait de la rue afin de profiter d'un jardin d'agrément à la française en façade planté d'arbres et de buis. Cette disposition favorise la création d'un espace plus intime et vaste à l'arrière. Autour d'un bassin sinueux se développent ainsi un quadrillage d'allées convergeantes vers un remarquable conifère et un palmier de Chine. Les extrémité des parterres sont délimitées par des buis ou des lagerstroemia.
Gravissant quelques marches, on accède à l'entrée par un vaste porche. Le hall vibre par l'éclat de ses boiseries de pin entièrement peintes selon une technique illusionniste imitant l'aspect du chêne. Une salle à manger et un salon de compagnie se dégagent d'un côté, une chambre, une salle de bain et une cuisine de l'autre.
Comme dans le reste de la maison, on ne manquera pas de souligner la présence de splendides cheminées Art Deco en marbre ou en pierre de Pons.
A l'exception de l'escalier qui est en chêne véritable, l'ensemble des planchers sont composés de lames de pins posées sur une semelle de bitume.
La cuisine donne accès à un vaste sous-sol en béton armé comprenant cave à vin, atelier, buanderie et remise à combustible. Les robustes murs de l'habitation sont en moellons extraits des carrières toutes proches de Sainte-
Marie.
A l'étage, un vestibule dessert trois chambres, deux débarras sous combles et un vaste dressing.
La Villa Madel appartient à cette catégorie de maisons d'exception qui ont compté dans l'architecture dacquoise. Accomplie dans son style régionaliste, elle occupe cependant une place à part et tardive dans le catalogue des réalisations d'Albert Pomade. Conservée dans un état d'entretien exemplaire, elle forme un bien historique remarquable et authentique, indissociable du patrimoine local.
Notice historique/technique et photographies réalisées par Kévin Laussu,Malaye ! Patrimoines, tous droits réservés, 2023. Les honoraires d'agence sont à la charge de l'acquéreur, soit 4,51% TTC du prix hors honoraires.
Logement à consommation énergétique excessive : classe F
Les informations sur les risques auxquels ce bien est exposé sont disponibles sur le site Géorisques : www. georisques. gouv. fr.
Contactez Laurent VAGINAY Entrepreneur Individuel à Responsabilité Limitée, Agent commercial OptimHome (RSAC N°497 920 678 Greffe de DAX) 06 84 41 19 97 https://www.optimhome.com/conseillers/vaginay (réf. 558507 )
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